
Des réacteurs d’avions transformés en centrale électrique ?
25-12-2025 | 2 Min.
La course à l’intelligence artificielle est aussi une course à l’énergie. Pour alimenter des centres de données toujours plus gourmands, tous les leviers sont désormais actionnés, quitte à reléguer les considérations climatiques au second plan. Dans ce paysage déjà sous tension, un autre secteur énergivore entre en scène : l’aviation. Deux univers que tout oppose en apparence, mais qui partagent en réalité trois obsessions communes : la vitesse, la puissance et l’accès à l’énergie.C’est précisément ce croisement inattendu qu’exploite Boom Supersonic, l’avionneur américain qui rêve de faire renaître le vol supersonique civil avec son appareil Overture. Faute de financements suffisants pour mener seul ce projet coûteux, la start-up a trouvé une voie de diversification audacieuse : transformer un moteur d’avion… en générateur électrique pour l’IA. Le principe est simple : une turbine reste une turbine. Le moteur Mach 1+ Symphony, conçu pour propulser un avion supersonique, a été adapté pour produire de l’électricité au sol. Ce dérivé, baptisé Superpower, fonctionne comme un turbogénérateur alimenté au gaz naturel — ou au diesel en secours. Le cœur technologique reste très proche de la version aéronautique : près de 80 % des composants sont identiques. La principale différence réside dans l’ajout d’étages de compression et d’une turbine à vapeur libre, dont la rotation génère l’électricité. Résultat : un générateur compact, à peine plus volumineux qu’un conteneur de fret, capable de produire jusqu’à 42 mégawatts en continu, sans système de refroidissement actif, même sous 43 °C. Autre atout majeur : une mise en service en une quinzaine de jours, là où la construction d’infrastructures énergétiques classiques prend des années.Boom Supersonic affirme déjà avoir séduit des clients. L’entreprise Crusoe, spécialisée dans les infrastructures pour centres de données, a commandé plusieurs unités Superpower pour une capacité cumulée annoncée de 1,21 gigawatt. Une puissance équivalente à celle d’une centrale électrique de taille respectable. À première vue, l’alliance entre aviation et intelligence artificielle surprend. Mais aux États-Unis, la demande énergétique liée à l’IA explose à un rythme tel que d’anciennes centrales nucléaires sont parfois réactivées. Les projections évoquent un doublement de la consommation électrique des data centers dans les prochaines années. Dans ce contexte, un générateur capable de fournir une énergie massive, stable et rapidement déployable apparaît presque logique. Reste une question majeure, largement éludée pour l’instant : celle de l’empreinte carbone. Car derrière cette ingénierie brillante, l’énergie fossile demeure au cœur du système — un paradoxe de plus dans la révolution numérique en cours. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

Un gel métallique pour révolutionner le stockage de l'énergie ?
24-12-2025 | 2 Min.
C’est une première mondiale qui pourrait bien rebattre les cartes du stockage d’énergie. Des chercheurs viennent de mettre au point le tout premier gel métallique jamais observé, un matériau hybride aux propriétés étonnantes, à mi-chemin entre le solide et le liquide, capable de résister à des températures extrêmes.À l’origine de cette découverte, un mélange peu commun : du cuivre et du tantale, un métal gris bleuté reconnu pour sa conductivité électrique et sa robustesse thermique. Chauffé à haute température, le cuivre fond, tandis que le tantale reste solide et se structure en un réseau interne ultrafin, composé de cavités microscopiques. Ce squelette agit comme une gaine interne qui piège le métal liquide. Le résultat est une substance à la consistance gélatineuse, fluide comme un liquide, mais mécaniquement stable. Contrairement aux gels classiques, comme ceux utilisés dans les produits désinfectants, ce gel métallique conserve ses propriétés jusqu’à 1 000 degrés Celsius.Cette prouesse pourrait résoudre l’un des principaux verrous des batteries à métal liquide. Ces batteries sont très prometteuses : elles stockent de grandes quantités d’énergie, supportent un grand nombre de cycles de charge et vieillissent mieux que les batteries lithium-ion. Mais jusqu’ici, elles restaient cantonnées à des usages stationnaires. En mouvement, le métal liquide a tendance à se déplacer, provoquant des courts-circuits et des pertes de puissance. Pour tester leur matériau, les chercheurs ont fabriqué une batterie expérimentale utilisant le gel métallique comme électrode. Plongée dans un sel fondu, la batterie a produit de l’électricité de manière stable, démontrant que le gel joue efficacement son rôle de stabilisateur. Le métal reste en place, même dans des conditions thermiques extrêmes. Cette avancée ouvre la voie à des applications jusque-là hors de portée. Des batteries à métal liquide pourraient alimenter des navires de grande taille, des équipements industriels lourds, voire des véhicules hypersoniques, dont les contraintes thermiques sont incompatibles avec les technologies actuelles. À plus long terme, ce gel métallique pourrait transformer le stockage d’énergie de forte puissance, en rendant mobiles des systèmes jusqu’ici condamnés à rester immobiles. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

La France lance sa filière de batterie qui pourrait tout changer ?
23-12-2025 | 2 Min.
L’industrie automobile française est en train de vivre un virage stratégique majeur, souvent passé sous les radars : la naissance d’une véritable filière nationale de batteries électriques. Un chantier décisif pour l’avenir de la mobilité, mais aussi pour la souveraineté industrielle européenne. Au cœur de cette transformation, un acteur clé : Automotive Cells Company, plus connue sous le nom d’ACC.Créée en 2020, ACC a déjà franchi une étape symbolique : la mise sur le marché de ses premières batteries électriques produites en France. Objectif affiché : réduire la dépendance de l’Europe aux fournisseurs asiatiques, notamment chinois, tout en accompagnant l’électrification rapide du parc automobile. Un enjeu colossal, quand on sait que la batterie représente aujourd’hui près de 40 % du coût d’un véhicule électrique. Implantée dans le nord du pays, ACC s’appuie sur quatre sites industriels, dont une gigafactory installée à cheval sur Billy-Berclau et Douvrin, dans le Pas-de-Calais. Un choix géographique qui n’est pas anodin : il s’agit à la fois de redynamiser un bassin industriel historique et de repositionner la France dans la course mondiale aux batteries.La montée en puissance annoncée est spectaculaire. Après une phase de rodage en 2024, ACC vise 150 000 batteries dès 2025, puis 250 000 en 2026. À l’horizon 2030, l’ambition est claire : 2 à 2,5 millions de batteries par an, soit environ 20 % du marché européen. Une trajectoire alignée avec l’échéance de 2035, date à laquelle l’Union européenne prévoit la fin de la vente des véhicules thermiques neufs. Mais le défi est immense. Comme le reconnaît la direction d’ACC, produire des batteries à grande échelle suppose une courbe d’apprentissage longue et coûteuse, jalonnée de défis techniques. Même les leaders chinois du secteur admettent que les débuts sont complexes. La fiabilité, la durée de vie et la qualité des cellules sont désormais des critères aussi stratégiques que les volumes. Les premières batteries françaises équiperont des modèles Opel et Peugeot, au sein du groupe Stellantis. Une intégration industrielle qui pourrait, à terme, faire baisser le prix des voitures électriques et accélérer leur démocratisation.Au-delà de la production, le recyclage des batteries devient lui aussi un pilier stratégique, avec l’émergence d’usines dédiées. Une logique d’économie circulaire indispensable pour rendre la filière durable. Pendant ce temps, d’autres constructeurs européens, comme Mercedes-Benz, explorent des technologies alternatives, preuve que la course à l’innovation est loin d’être terminée. En structurant une filière complète, de la cellule au recyclage, la France tente un pari industriel ambitieux. S’il est tenu, il pourrait faire du pays — et de l’Europe — un acteur central de la batterie électrique mondiale, et un peu moins dépendant des puissances extérieures dans la transition énergétique à venir. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

Les data centers misent sur les microréacteurs nucléaires ?
22-12-2025 | 2 Min.
Lorsqu’on met de côté la question des déchets radioactifs, le nucléaire reste l’une des rares sources d’énergie capables de produire massivement de l’électricité sans émissions de gaz à effet de serre. Son principal défaut demeure toutefois bien connu : les centrales sont longues et coûteuses à construire. Face à cette contrainte, une solution alternative gagne du terrain, notamment pour les sites isolés ou les infrastructures critiques : les microréacteurs nucléaires.C’est sur ce créneau que se positionne Radiant Nuclear. La start-up américaine vient d’annoncer une levée de fonds de plus de 300 millions de dollars pour accélérer la commercialisation de Kaleidos, un microréacteur nucléaire d’une puissance électrique d’un mégawatt. Radiant prévoit de construire une usine dans le Tennessee, capable de produire jusqu’à 50 unités par an. Concrètement, chaque microréacteur Kaleidos tient dans un volume équivalent à celui d’une semi-remorque. Il fournit non seulement un mégawatt d’électricité, mais aussi 1,9 mégawatt d’énergie thermique, exploitable pour le chauffage industriel ou la désalinisation de l’eau. Le système repose sur un combustible de nouvelle génération, le TRISO, réputé pour sa robustesse et sa sûreté. Une unité peut fonctionner cinq ans en continu avant d’être récupérée par Radiant pour être rechargée en combustible.Ces microréacteurs sont conçus pour être transportables, surveillés à distance, et interconnectables. Selon l’entreprise, plusieurs centaines d’unités pourraient être déployées ensemble, en fonction des besoins. Les cas d’usage ciblés sont variés : bases militaires, opérations de secours, sites industriels isolés ou zones où le réseau électrique est insuffisant. Le secteur des centres de données figure aussi dans le viseur. Si un microréacteur ne suffit pas à alimenter à lui seul les gigantesques infrastructures dédiées à l’intelligence artificielle — qui réclament désormais des puissances proches du gigawatt, comme chez Meta ou dans le projet Stargate — il peut néanmoins constituer un appoint stratégique. Radiant a déjà signé plusieurs accords, notamment pour équiper une base militaire américaine et fournir plusieurs dizaines d’unités à Equinix. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

Les réfrigérateurs cessent (enfin) de polluer ?
21-12-2025 | 3 Min.
L’annonce remonte à octobre 2023, mais elle mérite clairement qu’on s’y attarde à nouveau. Des chercheurs du Lawrence Berkeley National Laboratory et de l’Université de Californie à Berkeley ont présenté une technologie de refroidissement radicalement nouvelle, capable de bouleverser un secteur aujourd’hui sous pression climatique. En ligne de mire : les hydrofluorocarbures, ces gaz réfrigérants ultra-polluants encore largement utilisés dans la climatisation et la réfrigération.Le principe exploité est à la fois simple et élégant. Lorsqu’un matériau change d’état — solide, liquide ou gazeux — il absorbe ou libère de la chaleur. La glace qui fond refroidit son environnement : tout le monde l’a déjà constaté. Les chercheurs sont partis d’un autre phénomène bien connu : l’ajout d’ions peut modifier le point de fusion d’une substance sans en augmenter la température. C’est exactement ce qui se passe lorsque l’on sale les routes en hiver pour empêcher la formation de glace.L’équipe californienne a transposé ce mécanisme dans un système de refroidissement inédit, baptisé cycle ionocalorique. En appliquant un très faible courant électrique, inférieur à un volt, les chercheurs déplacent des ions à l’intérieur du dispositif. Ce mouvement modifie le point de fusion du matériau utilisé, provoquant une variation de température spectaculaire. Lors des tests, un mélange de sel iodé et sodique a permis de faire fondre du carbonate d’éthylène — un solvant courant dans les batteries lithium-ion — avec un écart thermique atteignant 25 degrés Celsius. Une performance inédite pour ce type de technologie. « Personne n’avait jusqu’ici développé une solution qui soit à la fois efficace, sûre et respectueuse de l’environnement », souligne Drew Lilley, ingénieur en mécanique au laboratoire de Berkeley. Contrairement aux systèmes classiques, basés sur la compression et l’évaporation de fluides frigorigènes très polluants, ce procédé se passe totalement d’hydrofluorocarbures. Un enjeu crucial, alors que l’amendement de Kigali impose une réduction de 80 % de leur usage d’ici 2048.Autre atout majeur : le carbonate d’éthylène utilisé peut être produit à partir de dioxyde de carbone, ouvrant la voie à un système au potentiel climatique nul, voire négatif. Pour Ravi Prasher, autre chercheur du projet, l’équation repose sur trois critères clés : impact climatique, efficacité énergétique et coût. Et, pour la première fois, les résultats préliminaires semblent satisfaisants sur les trois fronts. Les travaux, publiés dans la revue Science, montrent même que cette technologie pourrait rivaliser avec, voire dépasser, les systèmes actuels. Le défi désormais est industriel : passer du laboratoire à des applications à grande échelle. De nouvelles équipes testent déjà d’autres sels, notamment à base de nitrates recyclables. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.



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